Words on the Word
St Ignatius Loyola
Il y a dans l’oracle du Seigneur donné par Isaïe une dureté que nos oreilles pieuses préfèrent ne pas entendre. Indiquant le temple de Jérusalem, le sanctuaire de sa présence, Dieu proclame: ‘Je traiterai cette Maison comme celle de Silo’, c’est à dire, je l’anéantirai. Notre Dieu, est-il donc iconoclaste? Les formes visibles, sont-elles sans importance? Pas du tout. Le Seigneur a une prédilection pour la grâce sacramentelle, par laquelle, justement, l’Esprit se rend présent à travers les choses. Pourtant, il faut bien que la forme corresponde au contenu. Sinon elle n’est que la manifestation d’un vide, un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. Quand le temple n’est plus que le cadre d’un culte d’inanité, Dieu préfère qu’il tombe pour que, au temps opportun, on en construise un nouveau, réadapté à son but. Cette démarche ne se fait pas qu’une seule fois dans l’historie sacrée, mais systématiquement. C’est un paradigme d’action divine. Eh bien, Frères et Soeurs, osons appliquer ce paradigme en lisant les signes des temps, dans un contexte ecclésial et dans le contexte de notre vie. Nous sommes, de par notre baptême, appelé à être des temples du Saint-Esprit. Mais si ce temple devient un foyer d’idolâtrie ou simplement d’indifférence? Dieu, notre Créateur et Père, n’hésite pas d’entamer une déconstruction radicale pour, ensuite, pouvoir rebâtir. Pour le dire autrement: le vieil homme doit mourir et céder la place à l’homme nouveau. Cela ne se fait pas sans douleur, sans perplexité; mais le procédé est tout de tendresse, chargé de l’espoir qu’a Dieu pour chacun de nous. La conversion de St Ignace montre la réalisation de l’espoir de Dieu dans une vie concrète. Nous sommes invités à y correspondre, nous aussi. Laissons-le faire. Donnons-lui notre confiance. Disons non à la peur. Et non seulement nous connaîtrons sa paix, sa béatitude; nous en serons rayonnants.