Words on the Word

St Mary Magdalene

La liturgie d’aujourd’hui met Ste Marie Madeleine en relief surtout comme apôtre des apôtres. C’est bien cela sa gloire principale. Pourtant, la rencontre au jardin présuppose une longue préparation. La femme à laquelle le Christ ressuscité apparut est celle dont il avait chassé sept démons, la pécheresse publique. Dans un de ses récits, Marguerite Yourcenar, avec le génie qui lui est propre, présente la Madeleine au moment où elle vint oindre les pieds de Jésus. S’appuyant sur une tradition apocryphe, Yourcenar l’imagine pleine de rancune, venue, non pas pour saluer mais pour séduire le rabbi de Nazareth, ses gestes chargés d’une volupté agressive. Mais son jeu éclate avant même qu’elle puisse le commencer. Elle se trouve bouleversée par la présence du Christ, cet homme si doux, si triste, si radieux, entièrement sans répugnance. ‘Je savais que c’était Dieu’, dit la Madeleine de Yourcenar, ‘parce qu’il ne me fuyait pas’. Elle, la manipulatrice, se sait vue et connue dans la vérité profonde d’elle-même, avec ses contradictions, ses désirs, ses souillures, et tout de même comprise, aimée, non pas jugée. C’est elle qui finit par se laisser séduire; et elle devient, parmi les disciples, la plus fidèle de tous. Au tombeau vide, elle reconnaît le Christ ressuscité, car lui, le premier, avait effectué, un soir, dans la maison du pharisien, sa résurrection, la rendant capable de s’extraire de l’ombre de la mort. Marie Madeleine est la preuve qu’aucun obstacle, aucune chose vécue ou subie, puisse nous séparer de l’amour vivifiant du Christ. Nous n’avons qu’à combattre la tendance perverse qui nous habite, le fruit du péché: la tendance à dire Non, à refuser la grâce, à préférer librement la mort à la vie. Mobilisons-nous, Frères et Soeurs, pour combattre cette impulsion mortifère; entraînons-nous à faire de notre vie de tous les jours un Oui vivant à la lumière de Pâques; et encourageons-nous les uns les autres quand, parfois, le chemin est rude et le courage manque. Amen.