Ord Om ordet
Annunciation
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Parmi les joyaux que nous donne la liturgie d’aujourd’hui est l’hymne assigné aux vigiles, Iam cæca vis mortalium.
Le texte est écrit par Prudence, un contemporain de Saint Augustin. Né en Espagne, de famille chrétienne, Prudence résidait, lui aussi, à Milan durant l’épiscopat d’Ambroise. Bon fonctionnaire, il fut appelé à la cour de l’empereur à Constantinople où il a pu croiser Arsène, tuteur des princes impériaux. Comme Arsène il trouva l’ambiance de la cour nocive. Il s’en retira pour mener une vie ascétique consacrée à la prière — et à la poésie. Le monde chrétien, pensait-il, avait besoin d’un nouveau langage pour exprimer la spécificité de sa vision de l’univers, de l’histoire, de l’homme. Prudence s’est consacré à cette tâche jusqu’à sa mort en 408, à soixante ans.
Chrétiennement élevé, Prudence a connu un monde païen. Il a vu la campagne de Julien pour faire revivre les vieilles crédences romaines; il savait ce que peut devenir une société où le christianisme s’éclipse. En invoquant ‘la raison aveuglée des mortels’, cæca vis mortalium, il savait de quoi il parlait.
Je trouve impressionnante sa deuxième strophe:
Hæc dum sequuntur perfidi
prædonis in ius venerant
et mancipatam fumido
vitam barathro immerserant.
Il s’agit d’hommes perfides qui trahissent une lumière révélée et libératrice pour diviniser plutôt l’oeuvre de leurs mains; qui se livrent bêtement au pillard, le monotone Père des Mensonges qui s’arroge les prérogatives de Dieu. Ainsi, ils s’adonnent à une vie de servitude menée dans un abîme enfumé sans perspective.
Cet arrière-fond, supposant la fumée qui s’élève des sacrifices païens (auxquels notre monde hypermoderne se livre aussi, à sa manière, avec abandon), révèle la vraie splendeur, l’admirable contraste du mystère célébré aujourd’hui. Non seulement Dieu se souvient de sa création pour la sauver. Il entre dans notre condition pour la renouveler de dedans, inaugurant une nouvelle création.
La collecte exprime de manière concise la dynamique qui en résulte: quand le Verbe s’incarne dans le sein de Marie il assume ‘la vérité de la chair humaine’ — notre chair comme elle est avec ses élans, ses désirs, ses pesanteurs — afin que nous, confessant avec tout notre être notre Dieu et Rédempteur, soyons participants de sa nature divine. L’évangile, c’est cela: la possibilité d’une humanité illuminée, non par un faux, ennuyeux gnosticisme, mais par un feu divin qui renouvelle jusqu’à la moelle notre chair et notre esprit, consumant tout attachement ténébreux, tout mensonge, tout compromis avec le mal, nous rendant aptes à connaître Dieu.
La transmission crédible de cette bonne nouvelle est une tâche urgente. Amen.
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One of the gems the liturgy offers us for this feast is the hymn assigned for Vigils, Iam cæca vis mortalium. The text is written by Prudentius, a contemporary of Augustine’s. Born in Spain to a Christian family, Prudentius, too, lived in Milan while Ambrose was archbishop there. Being an excellent civil servant, he was called to the emperor’s court in Constantinople. There he may have come across Arsenius, tutor to the imperial princes.
Like Arsenius, Prudentius found the atmosphere at court noxious. He retired from it to live a life of asceticism — and poetry. He thought the Christian world needed a new language with which to express the specificity of its vision of the universe, of history, of man. Prudentius dedicated himself to this task until his death in 408, at sixty.
Though raised a Christian, Prudentius was familiar with what a pagan world looked like. He witnessed the campaign of Julian the Apostate to breathe new life into ancient Roman religion; he saw what happens to society when Christianity is eclipsed. When he invoked ‘the blinded reason of mortals’, cæca vis mortalium, he knew what he was talking about. I find his hymn’s second stanza impressive:
Hæc dum sequuntur perfidi
prædonis in ius venerant
et mancipatam fumido
vitam barathro immerserant.
It speaks about perfidious people who betray a revealed, liberating light in order, rather, to divinise the work of their hands; who hand themselves over gullibly to the Ravager, the monotonous Father of Lies, who usurps divine prerogatives. In that way they give themselves up to a life of servitude spent in a smoky, prospectless abyss.
This backdrop, presupposing the smoke of pagan sacrifices (which our hypermodern world likewise pursue in its way with abandon), reveals the splendour and admirable contrast of the mystery we celebrate today. Not only has God remembered his creation to save it. He has assumed our condition to renew it from within, inaugurating a new creation.
Today’s collect concisely sums up the dynamic: when the Word became incarnate in Blessed Mary, he assumed ‘the truth of human flesh’ — our flesh as it is with its yearning, desire, and heaviness — so that we, confessing our God and Redeemer with our whole being — might become partakers of his divine nature.
This is what the Gospel is about: the possibility of man illumined, not by some tedious faux gnosticism but by divine Fire renewing our flesh and spirit to the core, burning up all dark attachments, all lies, all compromises with evil in order to make us fit to know God.
The credible transmission of this good news is an urgent task. Amen.
The prisoners’ chorus in Fidelio (from a 2013 production in the Theater an der Wien) – an image of mankind enclosed in abyssal imprisonment, longing for the day, for light.
O welche Lust, in freier Luft
Den Atem leicht zu heben!
Nur hier, nur hier ist Leben!
Der Kerker eine Gruft.