Ord Om ordet

Fullkommen frihet

Preken holdt i cistercienserinneklosteret i Boulaur på tirsdag i Påskeoktaven. Du finner en engelsk oversettelse nedenfor. 

Jean 20.11-19: Noli me tangere

Deus, qui paschalia nobis remedia contulisti, populum tuum cælesti dono prosequere, ut, perfectam libertatem assecutus, in cælis gaudeat, unde nunc in terris exsultat.

La collecte de ce jour nous présente les enjeux de la condition chrétienne. Dieu, nous dit-elle, a fourni à son peuple des remèdes pascaux en vue d’un don céleste; ce don pousse le peuple, vous et moi, à la poursuite de la ‘liberté parfaite’; cette liberté sera, dans le cadre de l’existence présente, comme un avant-goût de la béatitude éternelle.

Il faut prendre au sérieux cet impératif de la liberté. 

Bien sûr, nous voulons tous être libres! Mais la liberté peut nous paraître élusive. Nous en avons une idée trop limitée. Pour nous, la liberté représente normalement l’absence de contraintes. Nous pensons qu’une telle circonstance, une telle personne, une telle blessure nous empêche d’être libres. Nous passons notre temps à nous plaindre de la circonstance, de la personne, de la blessure. 

L’approche est fausse. En plus, elle est ennuyeuse, pour nous-mêmes et pour les autres.

Rappelez-vous que Dieu ne nous demande rien d’impossible. S’il nous invite à poursuivre la liberté, elle est à notre portée. Elle ne dépend d’aucune condition extérieure. Elle nous vient du dedans.

La vie monastique est une école de liberté. Heureusement, on n’a pas besoin d’être moine ou moniale pour suivre ses leçons: elles sont ouvertes à tout le monde. 

Nous pouvons résumer la pédagogie monastique de liberté en trois étapes.

Tout d’abord il faut faire l’option pour un sain réalisme. Il faut accepter ma vie comme elle est, mon histoire comme elle est, moi-même comme je suis — c’est la fameuse humilité bénédictine. Elle est efficace. Elle me fait découvrir que, souvent, ce qui limite ma liberté n’est pas, en fait, le réel mais mes rêves fébriles de ce que la réalité devrait être. Mais illusions m’emprisonnent en moi-même (quelle lugubre prison!), tandis que le constat du réel m’ouvre à l’action de Dieu, Créateur du ciel et de la terre, donc Maître souverain de tout ce qui est. Voilà la première étape. 

La deuxième étape m’amène à la confiance que Dieu saura réaliser quelque chose de beau avec cette réalité. Sa providence est infaillible. Elle peut faire des merveilles avec tout, même avec la souffrance et la maladie, même avec le péché, si seulement nous laissons à lui la liberté d’y agir — c’est l’attitude d’abandon que le moine, la moniale, veut pratiquer: l’application constante du Suscipe chanté le jour de sa profession. L’abandon, c’est l’affirmation de ma foi en l’omnipotence divine dans les circonstances concrètes de ma propre vie. 

Dieu est capable de faire des miracles, des interventions fulgurantes dans nos vies. Mais ce n’est pas sa méthode préférée. D’habitude il agit comme l’agriculteur des paraboles évangéliques. Il sème, il arrose, il débroussaille, il applique du bon et abondant fumier. Cela exige de notre part la capacité d’attendre. Cette attitude, admettons-le, ne nous vient pas spontanément. Notre désir de changements immédiats porte des traits despotiques. La troisième étape de notre maturation vers la liberté est la patience, cette splendide vertu qui, dit Saint Benoît, nous fera découvrir de l’intérieur le mystère pascal, goûter l’effet des remèdes pascaux.

En suivant cette pédagogie nous saurons toujours davantage qui est Jésus Christ, la Vérité qui nous rend libres. Il est ressuscité et glorifié. Il faudra le chercher là où il est et ne pas le réduire à nos dimensions mesquines. C’est le message que nous transmet l’évangile d’aujourd’hui. Les paroles, ‘Ne me retiens pas!’ adressées à Marie Madeleine dans le jardin nous mettent en garde contre la tendance à circonscrire l’action salvifique et la réalité même de Dieu. 

Mettons-nous, frères et soeurs, à la poursuite, non pas d’une liberté facile et factice, mais de celle qui est vraie et parfaite. Et laissons à Dieu toute sa liberté divine, qui dépasse nécessairement nos petites idées.

Nous avons tout ce qu’il faut pour aller en avant sereinement. À notre recherche de liberté parfaite correspond la grâce parfaite reçue quand nous avons été incorporés au Corps du Christ par le baptême. Notons bien la correspondance entre l’aspiration de la collecte et l’affirmation de la prière après la communion:

Exaudi nos, omnipotens Deus, et familiæ tuæ corda, cui perfectam baptismatis gratiam contulisti, ad promerendam beatitudinem aptes æternam.

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John 20.11-19: Noli me tangere

O God, who have bestowed on us Paschal remedies, endow your people with heavenly gifts, so that, possessed of perfect freedom, they may rejoice in heaven over what gladdens them now on earth.

Today’s collect presents the Christian condition in a nutshell. It tells us that God has provided his people with Paschal remedies in view of a celestial gift; this gift spurs his people, you and me, on to the pursuit of ‘perfect freedom’; and this freedom is in the setting of this present life a foretaste of eternal beatitude.

We must take this imperative of freedom seriously.

All of want to be free, naturally. But freedom may seem to us elusive. We’ve an understanding of freedom that is limited. For us, freedom is normally a matter of the absence of constraints. We think that a given circumstance, a given person, a given wound prevents us from being free. We spend our time moaning about that circumstance, that person, that wound.

The approach is false. What is more, it is boring, both for ourselves and for others.

Remember that God never asks the impossible of us. If he invites us to seek perfect freedom, such freedom is accessible to us. It does not depend on outward conditions. It flows from within.

Monastic life is a school of freedom. Fortunately you don’t have to be a monk or nun to follow its lessons; they’re open to everyone.

We can briefly sum up the monastic pedagogy of freedom in three stages.

First we must make a preferential option for the real. I have to accept my life the way it is, my history the way it is, myself the way I am — this is the famous Benedictine humility. It works. It makes me discover that, often enough, what limits my freedom is not, in fact, the real, but my feverish dreams of what the real ought to have been like. These illusions imprison me in myself (a lugubrious prison) whereas embracing the real opens me up to the action of God, the Creator of heaven and earth, and so sovereign Lord of everything that is. This is stage one.

Stage two leads me to trust that God can do something wonderful with this particular reality. His providence is infallible. It can work marvels with anything, even with suffering and illness, even with sin, if only we give God freedom to act. This is that attitude of self-abandonment the monk or nun wishes to practise: the concrete application of the Suscipei they sang on the day of their profession. Self-abandonment is basically my affirmation of faith in divine omnipotence in the setting of my own life.

God may perfectly well work miracles and intervene extraordinarily in our lives. But this is not his preferred method. Normally he acts like the gardener or farmer in the Gospel parables. He sows, waters, and weeds. He applies good manure in abundant quantities. This methods requires of us a readiness to wait. This attitude is not spontaneous for most of us, let’s just admit it. Our craving for immediate change can be despotic. So the third stage of our maturing into freedom is patience, that splendid virtue which, says Saint Benedict, will let us discover from within the Paschal mystery and verify the efficacy of Pascal remedies.

If we submit to this pedagogy we shall know ever more intimately Jesus Christ, the Truth who sets us free. He is risen and glorified. We must seek him where he is and not reduce him to our own puny dimensions. This is the message transmitted in today’s Gospel. The words addressed to Mary Magdalene in the garden, ‘Do not cling to me!’, warn us against our tendency to circumscribe salvific action and the very reality of God.

Let us then aspire to obtain, not a facile, artificial freedom but one that is perfect and true. And let us grant God his freedom to act, a freedom that necessarily transcends our limited notions.

We have everything we need to proceed serenely. Our search for perfect freedom is matched by the perfect grace we received when we were incorporated into the Body of Christ by our baptism. Note carefully the correspondence between the aspiration of today’s collect and the affirmation of the prayer after communion:

Hear us, almighty God, and, as you have bestowed on your family the perfect grace of Baptism, so prepare their hearts for the reward of eternal happiness.