Words on the Word
St Dominic
Les premiers compagnons de Saint Dominique soulignent deux traits de son caractères: sa grande compassion et son caractère allègre. Comment accorder un regard lucide posé sur la misère de la condition humaine avec une disposition joyeuse? La question me fait penser à une observation de Dom Augustin Guillerand sur le paradoxe crucial de la vie chrétienne, qui nous fait découvrir la force dans la faiblesse. Le chartreux affirme: ‘Être fort, cela ne veut pas dire: se dresser contre ce qui nous blesse, pour le supprimer. Il existe une autre force, bien plus haute. C’est la force qui accepte ce qu’elle ne peut pas supprimer et qui demeure souriante sous la croix. Ce n’est pas à la croix qu’on sourit, mais à Celui qui l’a portée avant nous et pour nous, et qui la porte encore avec nous.’ Une compassion qui vibre en Christ est nécessairement animée par une joie secrète, même au milieu des souffrances; car elle sait que tout est porté par un immense amour qui finit par vaincre le mal, par le transformer. Il est significatif que nous ne savons pas grand-chose de la biographie de Saint Dominique à part cette conjonction fondamentale réalisée dans sa vie, perpétuée dans son Ordre. Telle était sa conformation au Christ qu’il a voulu diminuer pour que Jésus croisse. Sa vie en conséquence est simplement une icône du Sauveur. La devise de Dominique était ‘Veritas’. Et c’est bien la vérité qu’il a ainsi, avant de la proclamer, incarnée. Cette même vérité nous interpelle, Frères et Soeurs. A chacun d’y répondre à sa manière unique, mais pleinement, sans compromis, avec cohérence. Plus nous avancerons sur cette route royale, plus nous connaîtrons, nous aussi, à la fois la douleur abyssale et la joie glorieuse de la Croix rédemptrice; et nous serons des chrétiens entiers, respirant, dès ici-bas, l’air de la vie éternelle. Ainsi soit-il.